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LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 30

1974-75 - "Écrire est au mieux une sale affaire."


Les premières lignes que j’ai tracées avec des lettres et des mots sur un rectangle de papier étaient destinées à mes grands-mères et à ma tante restées à Paris. Encouragé par ma mère qui ne voulait pas qu’on lui reproche d’avoir enlevé mon père et l’unique héritier de la toute petite tribu, elle me laissait jeter quelques mots sur le papier et m’aidait à corriger. Pour être honnête, c’était un pensum.

A l’école primaire, j’étais dans les bons, dans les très bons même. Au Collège, un peu moins tant la surpopulation des enseignants me dérangeait : certains étant formidables, la plupart médiocres à mes yeux.

J’eu très vite des rapports tendus avec mes profs de français. Mme Grether, volumineuse épouse du proviseur, donnait dans le latin-grec-français classique, appréciant ma vivacité à l’oral, moins mes fantaisies à l’écrit. Cela n’alla guère mieux avec celui que les collégiens appelaient la Gazelle, qui me fit champion toutes catégories de récitation mais me trouvait passable à l’écrit ou bien alors fantasque, irrégulier, difficile à suivre.

Avec le recul, la cause de mes sautes d’humeur était socio-politique sur fond de lutte des classes.. On m’avait intégré dans une classe composée d’une majorité d'enfants de notables, médecins, notaires, commerçants et petits patrons, au milieu de qui je me sentais mal, moi le fils de prolo italien ayant roulé sa bosse.

Ce sont mes copains de B-2, les roturiers du collège, qui avaient mes faveurs. Dans la cour de récré, au babyfoot en ville et sur les terrains de sport.

Je me souviens de ma première tentative écrite. C’était en cours de maths. Au lieu de me faire suer avec une paire d’équations, je glisse une feuille de papier sous mon cahier de calcul et j’imagine une tour perdue dans la lande. Une tour aux pierres disjointes et un adjectif à placer : « pouacre »...

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 29

30 - 1973/74 : le vent tourne, aux orties les Trente Glorieuses, il n’y a plus d’alternative


Finies la communauté de Bacchus et les fantasias échevelées entre Schwäbisch-Hall, Venezia, Paris ou Madrid. J’ai obtenu ma licence ès philosophie et je fais de mon mieux pour passer celle d’anglais.

En ce sens ma cohabitation avec Jim induit forcément des changements. Contaminé par son sérieux académique, je me disperse moins et j’étudie plus. Grâce à lui, je suis un peu en Grande Bretagne.

Jim n’est pas brittrock ni pop mais il a apporté pas mal de disques. Lorsqu’il y a du monde chez nous, on a droit au My Song ou à Crocodile d'Elton John k ou au Get Down de Gilbert O’Sullivan.

Cette saison universitaire là j'évolue mentalement au Royaume-Uni. Outre Lady Jane, je suis souvent fourré avec l’Irlandais Rob et l’Ecossais Brian. Avec Nancy, une Américaine qui m’a fait promettre de l’épouser si elle n’a pas trouvé un mari à sa taille (elle mesurre 1,90 m) dans dix ans. Et avec toutes sortes d’anglophones dont une ou deux sosies vocales de Joan Baez ou de Judy Collins.

Tous les samedis soir ou presque, Jim me fait monter dans sa Morris Minor immatriculée en GB et nous partons préparer le match du lendemain à 120 km de là. Hébergés par des dirigeants, nous parvenons à nous échapper et nous rendons dans un bal de campagne où notre réputation de fameux tandem ; lui l’Anglais, moi l’Italien, nous valait quelque succès. Pour certains matchs, nous emmenions notre fan club : Anette, sa copine Solveig, Rob, Brian. Les supporters locaux en nous voyant arriver s'écriaient :" Tiens, v'là l'ONU !"

Certains de mes amis prirent mal ce qu'ils considéraient comme une trahison. Je ne traînais plus au bar de l’U, on ne me croisait plus dans les bouibouis de la Madeleine ou de Battant. Pis ! Je faisais la morale à ceux qui se blindaient au shit, picolaient non stop et vivaient d’expédients.

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 28

29 - Lord Jim, Carnaby Street, le département d’anglais, Toi Jane, Moi Mario...


James Walters, dit Jim ou Jimmy, n’avait pas été anobli par la reine mais il avait le port d’un Lord avec son casque de cheveux frisés, ses blazers impeccables, ses cols pelle à tarte et ses Church torpilles à boucles. C’est lors d’une fête donnée par le département d’anglais de la fac que je l’avais rencontré par l’intermédiaire d’amis communs. Mordu de langue anglaise par la grâce des Beatles, de Bob Dylan, Dylan Thomas, Joyce et Patrick Lehmann, mon prof de lycée devenu maître de conférence, je lui pose beaucoup de questions sur la thèse qu’il écrit autour de l’argent dans l’oeuvre de Balzac et sur les musiques qu’on apprécie là-haut au début des 70's. Outre bien sûr que le football, puisque Jimmy a joué avant-centre dans son université et à Burnhope, tout là haut à l’est de l’Angleterre, dans le County Durham, un pays de mines et de mineurs.

Nous nous entendons si bien que je le convaincs de se joindre à notre équipe de la fac de Lettres, dont il devient l’inamovible numéro 9 ; qu’en numéro 10 consciencieux j’essaie d’alimenter en bons ballons.

Notre amitié grandit et prospère. Tandis qu’il prépare avec un soin maniaque ses interventions en tant qu’assistant, je vais et je viens entre Besançon et Lons-le-Saunier où l’Académie m’a transféré et où j’exerce la fonction imbécile de surveillant, tâchant de meubler les heures d’inactivité du matin et de l’après-midi en noircissant mes premiers carnets de portraits, d’essais et de poésies en prose parfois en anglais.

Le samedi soir ou le dimanche matin, après être (parfois) passé chez mes parents, je filais à Champagnole, m’arrêtant à Poligny où habitait Alain S., un fan de mes dribbles et de mes transversales, dont Maryse, la sœur, avait échoué d'un rien au concours de Miss France, et dont le papa, le légendaire Titii, tenait un café.

Début 1973 : je ne suis allé qu’une fois en Angleterre. Bref séjour où j’ai vu de mes yeux vu les hauts-lieux du Swinging London de la décennie précédente : Carnaby Street, Portobello Road, le Marquee, Soho.... Souvenir persistant du parfum entêtant du patchouli, des teeshirts frappés du drapeau britannique, des gamines qui s’égosillaient à la télé en applaudissant les groupes à la mode. Peu de musée, beaucoup de Pubs et de marchés aux puces… Un match d'Arsenal à Highbury et un Chelsea-Manchester City en coupe d’Europe des coupes.

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 27

28 - Le manifeste des 331, le pétrole qui flambe, Billancourt et les Lip qui ruent dans les brancards, les Trente Glorieuses agonisent pendant que Morisi fait le Jacques...


Rétro. Fin mai 1973. Mélenchon, inscrit en philo lui aussi, agite le rez-de-chaussée de la fac de la rue Mégevand. Lui et ses trublions trotskistes ont organisé une journée portes-ouvertes suite au projet d’abrogation de la loi Debré qui permettait aux étudiants d’obtenir un sursis pour effectuer leur service militaire. Pas seulement, le PC se livre à un bras de fer électoral avec le PS pendant que la droite gouverne et que le prix du pétrole flambe. Tandis qu’on assiste à une révolte des ouvriers spécialisés, les pions du salariat, à Renault-Flins et un peu partout ailleurs…

Morisi et Mélenchon, se diront ceux qui m’ont suivi entre 2009 et 2012, ça devait coller.

Pas le moins du monde. Je me défiais des trotzkards, des maos, des cocos et de tout ce qui voulait mener la danse autour de moi, n’appartenant à aucune bande si ce n’est à celle de mes copains devenus infirmiers psychiatriques, de Joël et d’Etienne : mes Max Brothers, et de ce qui deviendra la communauté de Bacchus, bande de joyeux drilles qui se réunissaient et dormaient dans mes nouvelles pénates de la rue Péclet. (ndla : sous l'atelier de gravue d'Alain Ménéghon, et en face de l'appartement de Christian Fridelance, le saxophoniste de jazz bien connu).

Mais revenons-en à Méluche et à l’occupation de la fac de Lettres.

Je profite de la pause au bar de l’U pour me régaler des impros rhétoriques de François H., un érudit radicalement ironique, quand il nous vient l’idée d’aller taquiner du gaucho. Lui, l’ancien pensionnaire de la Maîtrise, moi l’anarcho-footballeur, rhizomique et folklo : pas sûr qu'on nous accueille avec des fleurs.

 

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 26

27.— 1972/73 : rhizome quand tu nous tiens, entre pionicat et Andreas Baader


Le processus d’atomisation qui s’opère chez le fils Morisi devenu un membre de la faune bisontine est encapsulé dans cette présentation du tandem Guattari-Deleuze, têtes de gondole des transgressions de l’époque en compagnie des rebelles de l’école de Francfort (Horckheimer, Adorno, Marcuse.) et de situationnistes Debord et Vaneighem… Inspirez profondément, lisez au compte-gouttes.

"Ne soyez pas un ni multiple, soyez des multiplicités ! Faites la ligne et jamais le point ! Le rhizome est une célébration de la pensée en réseau, il est transversal, tentaculaire et nomade, contrairement à la racine, unique et sédentaire. Comment le rhizome peut-il nous aider à penser le monde ? "

Et voilà, j’avais mis la main sur une martingale. Enfant de mes ombilics (de la botte, de la balle, de la gauche, de la tour de Babel, de la fraternité et bientôt du sexe) je n’étais pas anormal, inadapté, instable, pervers et polymorphe, un peuple perdu à moi tout seul, mais « transversal, tentaculaire et nomade », un rhizome, quoi.

Rizhome ou pas, je m’étais mis à faire n’importe quoi sans m’en rendre compte...

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 25

26. - Besac, capitale mondiale des périphéries centrales... Pionnier espagnol, filons arabes et tremplin nordique...


D’aucuns se targuent d’avoir étudié à Saint-Cyr, à la Sorbonne ou à Stanford, d’autres remercient les dieux (dont les GPS ne retrouvent pas les coordonnées) de les avoir amenés à La Rochelle, à Toulouse où à Besançon.

Pour ma part je n’appris que j’aurai pu postuler à science po et aux grandes écoles qu’en troisième année de fac. Le simple mot de carrière me collait des boutons, carrière c’était pour moi la fissure poussiéreuse le long de la RN 5 entre Sampans et le rond point de Bourgogne, saignée d’où paraît-il venait la pierre rose qu’on avait utilisée pour les marches de l’Opéra et le socle de la Statue de la Liberté.

Besançon a été un coup de foudre, une grande histoire d’amour, un béguin qui dure encore. Car à Besançon il y avait tout ce qu’un garnement vorace pouvait désirer ; un centre-ville peuplé par un tiers de jeunes gens, un pourcentage élevé d’intellectuels et de diplômés, une population majoritairement progressiste et une tradition socialiste douce, héritage des thomistes de l’archevêché, de Victor-Hugo : enfin de Proudhon et de Fourier les socialistes dit utopiques, proches de l’anarchie. Le tout mis en musique par le compagnonnage des ateliers d’horlogerie implantés jadis par les voisins suisses.

Pour une ville des marches de l’est, il y avait énormément de ressortissants étrangers et ça ne datait pas de la vielle puisque Jules César raconte Vesontio et ses affrontements avec les Séquanes, les Celtes de l’endroit. Puis arrivent les Francs. Les Habsbourg. Les Espagnols. Des Helvètes et des Bourguignons. Les horribles Saxe-Weimar, des Souabes associés à des Suédois de Finlande, enfin toutes sortes de ulhans violeurs qui laisseront des traces dans le morphotype des hauts plateaux du Doubs. Il y eut enfin plusieurs vagues de Prussiens et de Saxons de 1870 à 39-45.

Pour ceux qui connaîtraient mal l'histoire...

 

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