93-1001coupoles.pngabsentes.pngbaggio.pngcastor.pngcendrillon.pngcijiconstance.pngjauraitapeau.pngjeanne.pngkerguelen.pnglaboueetlesetoiles.pnglesbaskets.pnglesbavures.pngmortalamere.pngquedellmi.pngshowdedans.pngtourbillon.png
Renseignez votre email pour la Newsletter
HK, PEINTRE SOLDAT


RECHERCHE
LE MONDE DE JEANNE...

LE BON ABBE OUTHIER

SORTI EN 2010

BIBLIO BLANCHE

MULTIPLE & INDECHIFFRABLE

BIBLIO NOIRE
LA STAMPA NE PARLA

ALSO SPRACH BULGARI

OPERATION FARFU

LA PRESSE EN PARLE

OPERATION CHAPEAU

FLASHBACK NEWS

HETERONYMUS

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 36

Juin 1975. 11 heures du matin. Maison des Morisi, 14, rue de Dole à Sampans, Jura.

J

Le Dr Jacob pousse la porte de ma chambre quand j'étais ado. Il s’approche, palpe mes ganglions, pose le dos de sa main sur mon front. :« Mario, il n'y a aucun doute : vous avez les oreillons. »

Les oreillons ? Mais comment cela se peut-ce à mon âge ? Où ai-je pu attraper ça ?

Le thermomètre du bon docteur et son stéthoscope valident le diagnostic, voilà ce qui arrive quand on tire trop sur la corde : des vitamines, boire beaucoup... d’eau, des antibio pour prévenir la surinfection bactérienne, et du repos, beaucoup de repos... Combien de temps ? De deux à trois semaines, ça dépend. Ca dépend de quoi, docteur.

Le docteur Jacob – grand, le port encore jeune, les tempes rasées court, une mèche grise dressée au-dessus d’un front haut quadrillé de rides : Je vous dirai dans une semaine. Espérons que cela ne tourne pas en orchite. - L’orchite ? - Une inflammation du testicule qui peut rendre stérile... - Stérile docteur, mais du point de vue fonctionnel, je veux dire...

Le doc sourit. Il a dit stérile pas impuissant.

C’est connu, l’homme est puni par où il a péché. Dans mon cas, une affaire de testicules et de lèse-majesté. Sans doute une vengeance de la Princesse Alexandra dont je constate la réalité en me regardant dans la glace : j'ai le visage taillé en poire, je ressemble à Louis-Philippe dans les dessins de Daumier, avec un collier de ganglions grelotants.

Dire que la chose m’humilie est un understatement (une litote, je veux dire). J’avais prévu de faire un tour des lacs avec Christian A (le guitariste de la Pierre penchée devenu infirmier psy) et Roger B. (mon partenaire de stop en Norvège l’été précédent), de renouer avec ma boucle chérie et de rendre visite à ma tante et à mon oncle dans notre maisonnette en Italie.

C’est un gros défaut et un atout : j’ai l’esprit de contraction et ce que les Italiens appellent « la voglia di stupire » (la volonté d'étonner)...

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉRAIRES - L - 35

Septembre 1975 – Quand les temps ont changé, quand le petit assistant de français en mission redevient un etcetera...


Passé l’insouciance de l’été et la quinzaine de jours dans ce que Papa appelait « nos montagnes » sonne l’heure du retour à la réalité.

C’est un étudiant médiocre qui s’inscrit en licence d’anglais et en maîtrise de philo ; un garçon comme il y en avait tant, contraint de profiter du statut d’étudiant en terme de sécurité sociale, de responsabilité civile et de tickets de resto U.

Jusqu’à Besançon qui avait changé. Fini l’après-68 et l’impression de vivre une tranche d’histoire, de participer à un grand moment. Que soient maudits ledit choc pétrolier, l’inflation qui passa de 5% à 13% en quatre ans et la musiquette giscardienne qui préfigurait les symphonies austéritaires et les sacrifices induits par la mondialisation et l'intégration européenne.

Pratiquement, je me dégote un deux pièces de rez-de-chaussée à mi-chemin de la fac et du pont Battant, à une centaine de mètres du début de la rue Pasteur et de ses quatre bistrots historiques, la fameuse rue Gamma, un rectangle des Bermudes.

Je ne joue plus au foot. N’en ai plus envie après les heures de gloire entre Boro’s et Rover. J'ai des cernes sous les yeux, j'ai pris deux kilos, j'ai un début de ventre mou. J’achète quand même L’Équipe ; quelque fois la Gazzetta dello Sport à la Maison de la Presse.

Le Bar de l’U a changé. Les grands fauves qui se disputaient la couronne du singe dominant ont pour la plupart disparu ; certains se sont rangés des voitures, d’autres sont entamés, à l’hosto ou en zonzon. Plus simplement entrés dans la vie dite active.

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉRAIRES - L - 34

By appointment to her Majesty the Queen (4) : Bronzer sous la pluie anglaise, la légendaire bataille de Sue-Ann au lit, des hooligans à Besac et fin de partie en Mercedes 200 SL

Brosser une chronique mémorielle 46 ans après les faits vous expose à privilégier les pics du graphe au détriment de la lente, très lente vérité quotidienne. En effet, des dix mois passés en territoire ennemi, par-delà les passes d’arme et les temps forts, me restent surtout l’odeur de l’herbe humide au moment où le milkman laisse tourner son moteur pour déposer le lait et le journal au 51, le bruit des énormes gouttes de pluie qui martelaient le toit trois jours sur quatre, les Velux et les gouttières, les yeux chassieux et les mini-gueules de bois de la semaine ; la gueule de raie du Tintin informaticien qui encombrait le corridor avec ses clubs de golf, et bien sûr le prof de math, un garçon aussi joyeux qu’une porte de prison, qui me priait de ranger mes couverts avant que je les ai sortis du lave-vaisselle.

Il y a les couleurs aussi. Méduse géante noyée dans la brume d’un océan de grisaille, l’Angleterre peut être un ravissement quand le soleil daigne sortir (en douce quand tu cuves ta bière, ou le soir quand tu rentres fourbu à la maison) : legos de brique rouge, d’auberges à colombage, de flaques gazonnées vert émeraude où des rombières jeunes et vieilles, devisent une ombrelle ou un parapluie à la main. Ou font rouler de grosses boules sur le turf fraîchement tondu et arrosé.

Le recours aux ballades des scarabées de Liverpool ou des Kinks s’impose : « In Penny Lane, there is a barber..." (Beatles, Penny Lane). » - « Sitting in an english garden waiting for the sun »... Si le soleil ne vient pas, tu sauras ce que ça fait de bronzer sous la pluie anglaise (I’m the Walrus). » Ou « Drinking an ice cool beer, lazing on a sunny aftternoon.. » - The Kinks).

A propos d’herbe tendre et de brume violette flottant dans la campagne, Barry Corless aura réussi l’exploit de me faire jouer au cricket un jour où il manque deux joueurs à l’équipe des profs en partance pour le nord du Comté. Si je sais jouer ? Pas du tout, je me suis ridiculisé devant les frères de mon ami Jim en manquant une vingtaine de frappes à Burnhope, dans le county Durham : cela dit, je suis un des seuls Français de l’histoire à connaître les règles de ce jeu lunaire.

Mais je fais vite. La nuit tombe, c’est notre tour de battre, ne nous manque que quelques runs pour l'emporter quand l’ultime batteur avant moi se blesse au coude. Ce qui signifie que nous avons perdu. Suspense tout de même. On m’encourage (même les faux-jetons qui font courir le bruit que je fricote avec Jane, la bombe du lycée).

Arrêt sur l’image. Musique de Sergio Leone. Moi en gilet de laine blanc écru, un pantalon bouffant, des baskets ridicules et le gars en face de moi qui ressemble à Malcolm McDowell dans Orange Mécanique (le bouquin de Burgess est aussi bon que le film...).

Merde, le soleil sort d’un bosquet quand le gars s’élance décidé à me décapiter. La balle de cuir couturée ricoche trois mètres devant moi mais je l’évite.

Même chose au deuxième lancé. Barry court vers moi et me souffle à l’oreille de prier qui je veux mais de tenter quelque chose.

Je tente quelque chose à la troisième puis à la quatrième balle : en pure perte.

Lorsque le soleil disparaît à l’horizon et que l’on se retrouve entre chien et loup, je joue le tout pour le tout et je dévie la cinquième balle ; formidable, elle échappe au garde qui renifle comme un goret derrière moi, Barry et les autres me hurlent de courir à la rencontre de mon coéquipier à vingt mètres fe là. merci J'obéis, je suis un héros, on gagne le mtach d’un point !.

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L- 33

1974-75 : By appointment to her Majesty the Queen : Sacrée Princesse Alexandra de Kent. De la quotidienneté à l’insupportation, dix mois qui en valurent vingt (3)


Dimanche 13 heures 30 - 51, Fowgay Drive, Solihull, Warwickshie. L’assistant de français du Sixth Form College a fêté son 24e anniversaire en faisant grand tapage quinze jours plus tôt. Il est vanné, il vient de jouer deux matchs de foot en deux jours entrecoupés par une très courte nuit. Sorti du lit par les gars du Rover, il a galopé dans un parc où se disputent six matchs de Sunday Football. Douché, changé, il s’est joint à la double centaine de joueurs, d’arbitres, de dirigeants et de familiers qui ont pour habitude d’envahir le club-house commun et de fêter les après-matchs.

La coutume en dit long sur l’esprit qui règne dans ses compétitions du dimanche. Pour ne pas stigmatiser les moins aisés des compétiteurs, ceux qui ont les moyens commandent deux, trois, cinq pintes et les vident dans une série de baquets en plastique rangés le long du comptoir qui fait dans les vingt mètres de longueur. - Les cuvettes se remplissent à mesure que les joueurs sortent des vestiaires. Il suffit de plonger sa pinte dans le liquide bistre et de commenter le match qui vient d’avoir lieu, le dernier attentat de l'IRA ou la nomination de Margaret Thatcher à la tête du Parti conservateur, une mauvaise nouvelle pour les syndicalistes.

L’assistant de français du Sixth Form apprécie, c’est en se fondant dans le timing du provincial anglais moyen qu’il socialise et se mimétise. D'ailleurs il petit-déjeune avec des œufs et du bacon, il regarde les Monty Python à la télé, il rêve dans la langue de Shakespeare et de Benny Hill.

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 32

1974-75 : By appointment to her Majesty the Queen : Saturday Night, Sunday Morning et Working Class heroes . dix mois qui en valurent vingt (2)


Mais que diable faisait le fils Morisi dans les Midlands fin 1974, puisqu’il n’avait pas l’intention de faire carrière dans l’enseignement de l’anglais ? Ses parents se le demandaient et il ne le savait pas lui même. Il vivait fort, ça oui, il absorbait comme un buvard l’air façon Jelly du temps, le goût de la Brew XI et de la Newcastle Brown, les intonations du parler local, les curiosités du way of living autour de lui, les rodomontades de Brian Clough, l’histrion des coaches grands-bretons.

Ce qui l’emporta surtout à l’époque, si l’on met de côté les cours et les séances de pub-crawling des vendredi et samedi soir c’est la découverte du monde et de la classe ouvriers rendue possible par le football et par Gerry, le fils de prolo diplômé d’Oxford.

A la mi octobre, m’étant fait remarquer en bien pour le compte de Solihull Boro, un club pour qui je m’entraînais trois fois par semaine et dur, très dur, je fais la connaissance de Brian et de deux ouvriers de la Rover Factory, un haut-lieu de l’industrie automobile britannique. Supporters des Blues de Birmingham mais également de Boro, ils m’entraînent au comptoir du club house et me proposent... de jouer avec eux le lendemain matin, car ils aiment beaucoup la manière dont je taquine la balle, ce qu'ils appellent mon « brio continental ». Ils jouent en Sunday Football, ont une bonne équipe, sont troisièmes de leur poule : ça compte pour eux de battre leurs adversaires de toujours. Je bredouille, merci, merci, mais, bon : je m’entraine à fond avec les Boros, je joue dans l’équipe de rugby du collège dont je co-entraîne l’équipe de foot, et pour finir Barry Corless me presse comme un citron dès qu’il s’agit de lui prêter la main.

Quinze minutes plus tard, après la troisième pinte de bière du ‘Man of the Midlands', voyant leur mine défaite, je fais bon, ok, mais qu’on ne m’en demande pas trop, mes nuits du samedi au dimanche sont mouvementées.

Ipso facto, douze heures plus tard, lorsque Brian demande l’autorisation à mes colocs de me tirer du lit : primo, je ne suis pas seul

 

LES CHRONIQUES SEPTUAGÉNAIRES - L - 31

1974-75 : By appointment to her Majesty the Queen : enseignement, sport et amitié, dix mois qui en valurent vingt (1)


Le chemin qui sépare le 51, Fowgay Drive du parc verdoyant où vient d’être bâti le Sixth Form College de Solihull (nom qui vient de Soily Hill, colline fangeuse) est un enchantement rouge brique et vert émeraude, entre ronds-points parfaitement bitumés, villas proprettes : enfin maisons à colombage avec un passage obligé devant l’église toute pointue et mon futur HQG, le Mason’s Arms, un Pub cossu donnant accès à un restaurant français.

Première chose à noter, le Solihull Sixth Form reçoit des étudiants de 15 à 18 ans aspirant à passer leurs A-Levels, des valeurs qui, selon leurs résultats, vont leur donner accès à certaines universités. Celui de Solihull, ville-marché de 100 000 habitants, aire résidentielle huppée au sud-est de Birmingham, vient d’ouvrir. Recevant des ados issus des classes moyennes supérieures, il a été pensé comme une pré-université où exerceront une flotille d’enseignants diplômés d’Oxford, de Cambridge et de quelques autres top universités.

Ce n’est pas pour mes beaux yeux que j’ai été choisi par Nesta James et le Proviseur Frankland, mais parce que j’ai obtenu une licence ès Lettres qui à l’époque est considérée comme un diplôme d’enseignement.

Les bâtiments qui composent l’établissement sont des modules emboités les uns dans les autres avec des dépendances (salles de sport, salle de spectacle, chapelle, entrepôts) plantées dans un espace vert occupé par des terrains de sport, un tennis et des sentiers de promenade.

Le jour où je pousse la porte du College pour la première fois, je me fais l’impression d’un intrus qui se prend pour un autre car j'ai pris soin d’acheter des vestes chic et des chemises : des pantalons à pli, deux paires de chaussures convenables, c’est-à-dire en cuir ; passées au cirage, un miracle quand on me connaît.

Je rencontre d'emblée celui qui va devenir mon compagnon de route, mon compère et un ami, Gerald Protheroe, historien diplômé au Jesus’ College d’Oxford outre que titulaire lors d’un Oxford-Cambridge à Wembley deux ans plus tôt.

Gerry est gallois et très à gauche.

 

<< Start < Prev 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Next > End >>

JPAGE_CURRENT_OF_TOTAL

Joomla extensions by Siteground Hosting