Le thriller qui suit est une nouveauté.
Il est écrit dans une langue métisse qui n'a jamais vu le jour.
Toi qui entre en ce monde, prends tes précautions...


{01} - CHANT PRIMERO

1. Je suis plurianime. Several mondi me hantent, me occupent, me habitent. Je suis l'ultime mohican d'un volk désaparédide, le pueblo des moi, le pueblo des toi. Sommes sans pater ni mater, ne familias inte dolorosa.

2. Je forge mes alliages dans le fer et le feuer des lingues. Polyourdis ma langue. Suis sans qualités et sans objet. Produis mon lexique. Invente ma syntaxe.

3. Suis la Crusque et Vaugelas, le Bodevin & Shorter. Toi qui entres en mon book, te sera difficile — absolument painful — de courir après mes sombres y d'y recueillir mes sols.

 

4. Rien ne puis d'autre. Several personnes, several lingues me hantent, me occupent, me habitent. Je suis plurianime. J'ai volé des words et des paroles, un grand lot de wörter. Ovunque sur la terre, par delà les chemins.

5. Mes cantos sont qui des psaumes qui des soties.

6. C'est cosi, so ist es. Mon volk est désaparécide, mes géniteurs sont des bastards. Les poumons de mon babbo étaient constellés d'asbestose. Les hands de mon nonno galaient du ciment. Celles de mes mémés se tortillaient sous le rheuma. Du bas limousin aux appenins, mon sangre éclabousse les minieri et les échafaudages, les scaffolds y les chantiers. Tutti cadaveri ! vagit l'ultime survivor du Bois de Cazier à Marcinelle : interdit aux dogs et aux ritals !

7. Tu le vois, tu le verstandes : me te serai difficile, toi qui entre en le book, toi qui crois en vos roots et en tes mots. Too spät : tu n'es plus at home !

8. Tu le vois, tu le verstandes, me te serai difficile. Le book te casquera des hands, te choîra des mains. Supprimerai le sujet avant tes verbes. Transformerai les je t'aime en je te aime, en je te haime, en te odio ou en hate you ! Fuirai ta sagacité, refuserai tes critiques, échapperai à tes réductions. Serai une Apflel-de-terre callente, u un sapoune. D'origine héllène oder ladino.

9. So ist es, c'est cosi. Several personnes me hantent, suis le dernier mohican du volk des non-encore-nés. Toi qui entres en mon book perd tout höffnung de trouver la peace, la libertà begins despuès. Ci sarano stories, they'll be geschichten. Aucune règle, aucune habitude, pas même de sympathie. De chronopathie mas.

10. Pas même de sympathie pourquoi ? Éprouver comme les grecs, le dos tourné au pédagogue ? Pas mad, la vespe ! Je suis molloch; le evil, la fureur d'orlando, l'hydre obscur sur le other side. Suis l'amok, la furie lunatique, la rage incendiaire. Habite au fond de toi, habite au fond de vous.

11. Tu verstandes ? Au punto où tu are, tu n'as plus le wahl, darling ! Tu es mon soumis, le khali

12. C'est cosi, c'est mektoub : Voi ch'entrate, losez toute spérance. Le travail macht not frei et god n'est pas amor. Le dis et le redis, tu n'as plus le wahl, reader, tu n'as plus la scelta. Laisse-toi driver dans l'alma du polyèdre, où niche un klan désaparécide que le sanhédrin ni le pope ne grugeront place saint-pierre ni à médine. —


{02} CHANT SECUNDO

1. Dans un hangar de la manche dont le welt n'a pas conservé les coordonnées spatio-temporelles l'on poussa the héros et prit substance la plus strane des stories.

2. The héros n'avait ni pode ni cabêche, ni buste ni ventraille. The heros était vide de tout potentiel, indemne de toute érédita. The héros était là par caso. El beb s'était refermé derrière lui at random et hop ! la commœdia begins !

3. Tuttavia, the héros avait un vague souvenir du day bevor.

4. Tachycardie, photophobie, cillements incontrôlables, c'était pendant les années de feuer, au tempo d’avant le projet. Sans le projet il était un gastéropode ballonné, un invertébré du vouloir.

5. Ne pas ramer contre le stream, redevenir le monkey qui rampe au goulot, passager immobile d’un letto transformé en sandwich au sperme séché. Bien avant que l’idée ne lui vint de finir en bellesse. Bien avant que le verbe ne le protège comme un écran total.

6. Au Long John on reconnut sa figure. Il y avait Luisito, Norbert, Ninduab, le Niçois et Svetlana. Du tout à trac en tique, autant en emporte le TOC, la street, quoi.

7. Avec p’tit miche aux kupfer, la tuyauterie spitta de la mousse et un smile. Le smile, c'était le tronpa, de la fourme crémeuse comme le bisness avec les tondus. Faut dire que the héros était un athlète de la notché. Il passait du chardonnay-pomme à l’argenteuil., il était baptisé avec une queue de morue. A deux pas, avant de gifler son glass en hongrois, loursais, l'hombre des cinq last minutes, passa une pognechocolats à des Hollandais en terrasse, pour de segur.

8. Au monopoly des enfiévrés de bercy, dans la contrade des altesses, il y avait le long John, le drôle de lascar, le demi-mot et chez zabriskie. Entre le tertre et pigalle river, le zinc était rauque, il vous prenait aux burnes. Il y avait belle lurette que les ombres de fujitant et de brua, de marx cerdan et de marcel ernst se planquaient quand Ninduab radinait en carne et en osso. The héros était connu chez stéphane et au gerpille. Bernard dimey l’avait à la bonne. Il tapait la jam avec dutronc, avait refait ses plâtres. À la messe des boxeurs, il était assis près de Charron, c'était une huile.

9. The héros se gratte la cabêche dans son hangar apparu de nulle part. Il avait titubé de pub en bar et de saloon en boteg, ça c'est segur. C’était sa façon à lui d’être snob. Hirosh, un expert en feuilles d’or é

10. The héros avait débouché sur vairon street. Up here, un branco d’argousins jouaient un remake de la rue Lauriston. Hammad et zina, les titulaires, gardaient leurs hands en l’air. C'était west side story revu par mocky ou stévenin. Dommage que pialat venait de plier ses gaules, la figurachoune était intelligente, à régler tout en liquide.

11. Appuyé contre la beb du hangar, the héros se revoit. Au salésabil, c’avait été quiet. Saint harki, un hombre called le père joseph, était appuyé contre sa faëma. Il regardait un doc sur

12. Pour de segur, the héros n'y avait pas été de hand morte. Deux ou trois guinness au midlands, un porto au rat mort, une douzaine de babies à la poloche des arts et le branco de ses héros avaient sonné la charge. Car inutile de le nascondre, the héros, un très mauvais scritteur, avait l’écrivure qui rebique. Belqacem-Schwartz et la xica aux nichons métaphysiques organisaient des Apostroffs intestins sans lui demander de permis. Pourquoi les avait-il laissés tomber, ses caractères ? Onnald, le loufiat de la couille d'or, le regardait strabiser en divergeant.

13. The héros se revoyait. Dans le passage qui conduit de la place pâle à sigismond-lenoir, il n'y avait plus tenu. Il était drei plombes du mat et il prenait à sept thirty. Il aurait dû suivre Svetlana. Une belle pute, la Svet. Pas de pot, elle dédicaçait des cornichons avec ninduab sur beaubourg. L’avant-veille, trois edelswicker cul-sec et ils s’étaient tapé le périple dimey/long John/tortilla flat. Ca s’était terminé rue des vastes putes. Elle était cosi, Svetlana, si tu supportais la storie de ses jumeaux trisomiques, elle te parlait de son babbo russe weiss et elle te roulait une pelle à la french. Si t’étais en veine, c’était un mezcal la turlute et une roteuse

14. The héros est dans son hangar, le dos appuyé contre la porte qui s'est refermé derrière him la vigile. Comme ça n’avait plus de sens de ronquer, il avait filé au Doryphore, une disco branchée. En attendant betty & the plastic roosters, un type faisait rigoler les cintres avec son chapeau claque et ses rabbits. Un branco de punkettes et de faux-skins avait envahi l’ancien cinéma. Ils étaient tous là, les babs et les yuppies. 'On s’arrache ! gronchonna un loube chelou à sa meuffe, c’est d’un relou cette ziquemu !' The héros regrettait les soirées harpsichord avec lolita castafiore et les mélopées pygmées de fatzakerley, le pape de la chaussure orthopédique. Avant qu’on lui demande qui était n°8 au billboard, the héros siffla une kro et se récita le cantique des cantiques.

15. De course, ç'avait été de trop. The héros dut esquiver la charge d’un red sklus haroun que rachidien, et déclara : Je fête mon Goncourt, ma poule, tu prends un lithiné ?

16. The héros en a encore mal. La faute à la ziquemu, la faute à la picole. Les guitares stridule dans son crâne et les cromis putain-de-larsennent dans sa cabêche. Les lights avaient balayé la foule, complètement frantiques, tandis qu’un gommeux se dandinait au clavier dans sa salopette crème.

17. The héros est sur le point de partir quand, on ignore alesh risées et de capsules doubtful. Pour faire bonne mesure, un roadie laisse casquer son fly-case sur sa basket et une groupie à qui l’on vient de smasher la truffe lui piange à genoux sur les godasses. C'est marre : il se scape par une beb dérobée. Une écœurante odeur de cervoise rance et de patchouli lui sticke à la couenne. Fuera il pleut.

18. Well, c’était pas le tout

19. Même les putes des cabarets ont renoncé à envoyer leur jules aux pelotes et à refaire leur vie avec un  charcutier de vesoul. Bohringer et l’abbé pierre ne viendront plus. C’est l’heure de l’aisselle marinée et des mandrins flasques. Une kebla mahousse fait signe à the héros d’approcher. C’est son last jour. Renoncer à cithère, pour un Flynn de fifty berges on the road pour l’Achéron, est-ce bien raisonnable ? Pourquoi pas une selle de maure ou une croate de notaire  nage déboule au sprint. The héros se casse plus loin, le triolisme c’est pas sa tasse de queue.

20. The héros est dans ce hangar dont nobody a les coordonnées. Il s'est rendu à l’évidence dans la luz azur & blau du morning : il a une réduction forfaitaire du mollet, un genou plus proche de l’o.p.a. que du second marché, et une lingue en gant de driver de bus retourné. Fortunément, rue germaine-pilleroux, taxi woman l’arrache aux bras d’un arménien velu et le hisse dans sa merce-déesse. Une chouette ragasse, la môme taxi, une pote à ninduab, un angelo de la night. 

— J’te dépose où, ma bouille ? qu’elle a fait en watchant dans le rétro. Au pied panné ou à ton turf ?

— Laisse-moi au crochet du gauche, lui fait the héros. Et t'en fais pas pour ma pomme, on se revoit à la saint glin-glin.


{03} CANTO TROISIEME

Dans ce hangar personne.

Est-ce hangar, est-ce tunnel. Est-ce bouteille de Klein ?

Plus d'avant non plus. Que s'est-il passé ? Perdu mémoire d'hier.

Perdu trace de moi avant.

Suis dos à la porte, pénètre par un bord.

Hangar est long, infiniment long. D'où suis, quatrième mur (est) invisible, le peux pas voir. Hangar est courbe.

À l'entrée de Hangar, espace (est) aménagé, espace (est) rangé, espace (fut) habité. À ma droite — côté dérètche : une table basse, trois fauteuils, table, tabouret et lampe d'architecte. (Verbe être, être verbe, pas très utiles).

À ma gauche — côté izquierde : un bahut, un évier, une table en formica, trois chaises.

Dans (ce) Hangar personne que moi. Est-ce Hangar, est-ce entrepôt, est-ce tunnel ? L'idée de Klein me (nous ?) terrorise. Le col de la bouteille plonge dans son flanc, s'y retourne. N'en sortira (peut-être) plus. Où est l'intérieur et l'extérieur ; alors ? Nous en sortirons-nous jamais ?

Klein, Klein, Klein. Idée forte, immanente, récurrente.

Les absents ne sont pas morts, que l'histoire vienne.

Je reprends les virgules et les points.

Les articles et le reste aussi.

Je suis libre, dans ce Hangar. Je l'ai créé. Je suis seul. Mes doigts n'ont d'autre maître que moi-même et ce, et ceux qui me composent.

Le dos appuyé contre la porte qui vient de se refermer, je regarde devant moi. Devant moi s'étend un long couloir, un hangar courbe dont je n'aperçois point le fond. Qu'est devenu le quatrième mur ?

Je lève la tête. Une lumière fade, comme artificielle s'écoule de la verrière, une structure métallique à la charpente complexe, architectonie de cathédrale plutôt que plafond d'industrie.

A main droite et à main gauche, les prémisses d'une habitation : salon, cuisine, toilettes. Séparés par une dixaine de paravents.

Plus loin, à main droite, un rayonnage de livres.

Plus loin, à gauche, après le cabinet de toilette et la douche, sommaires, une succession de meubles de pharmacie aux mille et un tiroirs.

Puis plus rien.

La tomette hexagonale cesse brutalement et une chape commence. Au-delà de la chape, de la terre battu.

Il faudra bien que je décolle mon dos de la porte pour y aller voir. On ne peut pas coexister avec tant d'inconnu.

(A suivre).

Heraldo Belqaçem-Schwartz

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